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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 06:22

L’hétérosexualité n’existe pas [V2]

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’hétérosexualité n’existe pas.

Comprenons nous, ne pas exister ne signifie pas ne pas avoir de sens pour les personnes qui adhèrent à ce mythe, à ce bluff. De la même manière qu’on peut croire à la sincérité d’un escroc, boire ses paroles, se laisser porter à rêver à ses promesses, lui donner de l’argent… On peut aussi penser l’hétérosexualité normale, naturelle et se vivre comme ordinaire(s) en regardant de loin, ceux, celles qui par leurs pratiques, leurs discours, contestent tout ou partie de l’évidence hétéronormative. Vivre et plus encore, vivre bien, c’est se penser conforme aux lois de la nature. Les hétéros vivent aussi ainsi.

L’hétéronorme est le catalogue (le programme interne, le logiciel) de l’hétérosexualité. Il ne faut d’ailleurs pas en avoir une vision morale et restrictive. L’hétérosexualité et l’hétéronorme ouvrent un paradigme, une manière de voir, de sentir, de désirer, de baiser, de faire l’amour, de dire, d’érotiser, d’observer, de penser… qui, bien sûr, et n’en déplaisent aux moralistes, ne limite pas à des injonctions positives et exclusives. L’hétéronorme nous dit ce qui est normal, propre, donc aussi en creux, ce qui est anormal, pervers, sale, transgressif... Dans la mesure où ce qui est interdit (le viol aujourd’hui), ou à peine toléré (pensons à la sodomie pour les hétéros) s’inscrit aussi dans les plaisirs dits hétérosexuels, nous les considérerons comme constitutifs, et constituants de l’hétéronorme. Observer une norme consiste aussi à étudier ses « déviances », ses marges qui à leur manière alimentent et enrichissent aussi la norme. Et en sont aussi des alternatives disponibles pour réactualiser la norme. Ainsi l’hétéronorme nous dit qu’enculer une femme est contre-nature, sale, violent, douloureux (pour la femme) …… Rien n’empêche de penser que la sodomie hétérosexuelle soit un jour, sous des prétextes de santé publique (la sodomie provoque des microlésions et favorise donc la transmission du sida), ou par désir d’apparaître moderne par des enseignant-e-s progressistes et « open »,  enseignée dans les programmes d’initiation à l’hétérosexualité dans les écoles de la République. La sodomie est aussi hétéronormative que la pénétration vaginale.

Les hétéros ne sont pas plus normaux que les autres. La création de la catégorie « hétéro » est récente. Avant l’épidémie du sida et l’évocation des groupes soi-disant à risque (notamment les homos) et la volonté de ceux, celles qui se pensaient « normaux » et « normales » de se distinguer et de se labelliser, y compris parfois dans un objectif déclaré de solidarité avec la communauté gaie lourdement touchée par le VIH, les hétéros n’existaient pas. Il y  avait eux, elles, les ordinaires, les normaux-naturels, et les autres… La création de la catégorie hétéro dans le grand public a été un pas important dans la dénaturalisation de l’hétérosexualité. Quant à la « culture hétérosexuelle », elle a été créée socialement comme catégorie « naturelle » (sic) entre le XIIe et le XVIe siècle dans l'Occident chrétien, comme le montre brillamment Louis-Georges Tin (L'invention de la culture hétérosexuelle, Éd. Autrement, 2008).

Au même titre que l’hétérosexualité n’existe pas comme réalité naturelle inscrite dans une quelconque biologie de l’espèce, qu’elle est confusion et amalgame entre reproduction et sexualité, culture et nature, gestation et coït, désirs et élevage… n’existent pas non plus l’homosexualité, la bisexualité… Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’homosexuel-le-s (des gais, des lesbiennes), de bisexuel-le-s. Gais, lesbiennes, bi existent parce que le pouvoir médical les a créé-e-s de toutes pièces, en particulier en inscrivant ces pratiques dans le catalogue des sexualités anormales, en pourchassant, poursuivant, enfermant, tuant parfois, ceux, celles qui revendiquaient ces types de pratiques. En réaction aux stigmates produits par l’hétéronorme et les visions naturalistes de l’hétérosexualité, des mouvements sociaux se sont développés en particulier au XXe siècle qui ont abouti ces dernières années à la mouvance LGBT. Les luttes des gais, des lesbiennes, des bi, des transgenres, des hétéros non normatifs comme les libertins… ont remis en cause avec succès la vision officielle et unilatérale produite sur les sexualités par les différents pouvoirs (Etat, Médecine, Eglise, Ecole…).

Il y a différentes formes de désirs sexuels pour les personnes de l’autre sexe. Tout n’est pas hétérosexualité. Ne sont hétérosexuel-le-s que les personnes qui se conforment à l’hétéronormativité. Ceux, celles que l’on qualifie ou qui se revendiquent d’être libertin-ne-s, pervers, voyeuristes, exhibitionnistes, mélangistes, multisexuel-le-s, côte à côtiste, candaulistes,  triolistes, adeptes des pluralités masculine et/ou féminine, les S-M [sado-maso], fétichistes, monosexuel-le-s, asexuel-le-s… remettent, sous une forme ou une autre, en cause l’hétérosexualité…

Ce  ne sont pas tous, ni toutes, des hétérosexuel-le-s au sens strict du terme. Reste d’ailleurs à inventer un terme pour le dire.

Il nous faut faire une rupture (épistémologique) avec nos manières de penser sexe et sexualités au XXIe siècle. Il nous faut renverser la manière de voir, penser et vivre ces questions.

Est définie comme hétérophobie toute stigmatisation, sous une forme ou une autre, des pratiques sexuelles non hétéronormatives, donc non hétérosexuelles, entre hommes et femmes.  L’hétérophobie dénigre, caricature et condamne toute forme de sexualité non conforme à l’ordre de genre viriarcal (où les hommes ont le pouvoir), patriarcal (où les hommes dirigent les échanges sexuels des femmes, leur désignent partenaire et conjoints, contrôlent la descendance…).

L’hétérosexualité définie le cadre du deux : un homme et une femme, comme fondement de la famille et du couple. Rien n’empêche de définir autrement, de fonder différemment, le système familial. Déjà des millions de personnes tout en croyant à l’hétérosexualité et à la primauté du couple, paient très cher en termes de solitudes, de travaux d’élevage, de travaux domestiques, l’abandon du deuxième partenaire (plus de 80% des fois, l’homme appelé alors le père). D’autres ont opté pour l’homoparentalité, la coparentalité et montrent dans les actes que d’autres modèles culturels de familles sont viables à long terme. Certain-e-s, en ne cohabitant pas ensemble, donc  en s’extrayant pour tout ou partie de leur temps, du contrôle de l’autre, expérimentent des mutations de l’hétérosexualité.

L’hétérosexualité nous dit ce qu’est un homme hétérosexuel, et lui accorde le privilège de se penser normal, de disposer alors des privilèges réservés à ses semblables. A sa disposition, une femme  qui adhère, souvent sans le savoir, au dogme hétéronormatif et qui, de fait, se retrouve plus ou moins soumise, dépendante. En tout cas une femme qui va se considérer comme complémentaire, en fait seconde, et inférieure, économiquement, sexuellement, socialement, politiquement, à celui, ceux, qui s’autodéfinissent comme premiers.

La personne qui dispose, pour une raison ou une autre (naissance, opération, supercherie…) des attributs externes dits masculin, et adhère à l’hétérosexualité, puis le prouve sans cesse par la démonstration de sa virilité, est définie comme un homme hétérosexuel. L’homme hétérosexuel est une personne qui, érotiquement, est mutilée d’une partie de son corps et doit se conduire comme un handicapé affectif majeur. Devant se définir, et défini, comme un guerrier conquérant, alignant (de manière réelle ou imaginaire), les conquêtes féminines comme on aligne les médailles de virilité l’homme hétérosexuel doit montrer un corps conforme aux injonctions masculines ; quitte à payer des femmes quand sa séduction dite naturelle ne fonctionne pas, ou qu’il n’a pas le temps de séduire. Il est défini comme homme actif, pénétrant. Il centre sa sexualité sur son sexe, sa queue, son phallus qu’il emblématise et fétichise comme signe, étendard, de son hétérosexualité. L’érotisation des autres parties de son corps (bras, cuisses, oreilles, anus, pieds, cheville, peau, fesses, nombril, couilles…) est au mieux secondaire, mais très souvent occultée. L’homme hétérosexuel a appris à confondre orgasme et éjaculation, limitant l’acte sexuel à une action performative prouvant sa virilité et sa qualité « naturelle » d’homme hétérosexuel. Très souvent avant même sa puberté, la pornographie hétérosexuelle lui a enseigné les codes érotiques, en particulier l’excitation devant des bouts de corps désignés comme « bandants », et appartenant à des femmes inconnues ; des femmes payées ou volées. La pornographie hétérosexuelle lui a appris à être client. Mais aujourd’hui, surtout devant des femmes, il est de bon ton, de critiquer l’accès des jeunes à cette porno qualifiée de sexiste (alors qu’elle est d’abord et surtout hétérosexuelle), tout en leur proposant d’en visionner ensemble.

Au XXe siècle il a appris la vertu des préliminaires pour ne ne pas apparaître aux yeux des femmes hétéros comme un goujat, un macho. Mais ses caresses concernent ses partenaires. Lui a une sexualité bicentrée, bicéphale : une tête pour fantasmer, une queue pour « baiser », une cravate entre les deux pour montrer le sens du désir. Homme, il doit aussi se montrer dur, sec, et délaisser les démonstrations affectives. Au fur et à mesure de ses apprentissages à la virilité entre hommes, dans la maison-des-hommes que symbolisent les cours d’école, les matchs de sport, et pour ne pas (trop) souffrir des violences multiples subies entre hommes hétéros, sa peau se recouvre d’une sorte d’oxyde qui tend à le présenter comme insensible. Il a bien sûr le droit de pleurer. Mais ces écarts à la virilité doivent être rares, et spectaculaires. Effets garantis sur les femmes hétérosexuelles.

L’homme hétérosexuel, en contrepartie de ses efforts pour apparaître viril et ses effets corporels  limitatifs, a des droits spécifiques. Il peut, par convention patriarcale, disposer d’une femme, mère et gardienne de sa progéniture et d’autres partenaires sexuels, qu’il paie ou non. Aujourd’hui, pseudo égalité des sexes oblige, il doit juste s’assurer que sa compagne n’en ait pas la preuve. Et si, malgré ses subterfuges, elle vient à le découvrir, il doit dire, crier et prouver que sa sexualité extra-conjugale est sans affects. Les hommes hétérosexuels qui n’arrivent pas à entretenir cette illusion ont toutes les chances de se retrouver seuls.

L’homme hétérosexuel a gardé la mémoire corporelle et érotique des jeux, joutes sexuelles entre hommes  survivances des premiers siècles de l’ère chrétienne. Mais cela doit être caché. Les femmes (hétérosexuelles) ne doivent pas se douter qu’il fréquente les sex-shops, les saunas gais, les backrooms (où le noir facilite la discrétion), comme elles doivent ignorer les contenus des troisièmes mi-temps et des jeux entre hommes hétérosexuels dans les vestiaires, les prisons, les internats de garçons, les plages au Maghreb…

La femme hétérosexuelle présente une double image : la mère et la pécheresse (dénommée souvent putain, ou salope dans l’imaginaire des hommes hétérosexuels). Dans tous les cas, c’est une femme castrée de ses possibilités d’acter de manière autonome. Pour être définie comme hétérosexuelle, donc se prévaloir d’être normale, naturelle, elle doit se présenter comme douce, sensible, aimante, bref se conformer à l’image dite féminine du monde. En fait, elle est soumise aux hommes, et à son homme en particulier par les codes hétérosexuels qui se présentent comme représentatifs de la nature. La littérature romanesque lui a appris que la sexualité doit être liée aux affects, en particulier à l’Amour. Ce qui la différencie de l’homme hétérosexuel. Dans la sexualité conjugale, seule sexualité légitime, elle a acquis de hautes luttes au XXe siècle le droit de désirer et de jouir. Ses désirs sont liés à l’amour conjugal, ses plaisirs et aux actions pénétrantes des hommes hétérosexuels. Dans les codes hétérosexuels, elle est toujours présentée comme « pénétrée ». La palette d’orifices disponible s’est officiellement étendue ces dernières années. La pénétration hétérosexuelle est souvent assimilée avec la violence du désir et/ou la violence tout court. Cherchant un homme actif, protecteur, entreprenant, affirmatif, sécurisant, bref un vrai homme hétéronormatif, persuadé de son intrinsèque supériorité naturelle, la femme hétérosexuelle court un risque certain de se retrouver aux prises avec un homme violent et contrôlant. Le mariage, la mise en couple sont souvent synonymes de passeport pour la violence domestique. Elle-même persuadée de sa supériorité de mère sur les enfants, elle reproduira alors les violences sur sa progéniture.

Elle est valorisée quand elle ressemble aux codes esthétiques qu’aiment les hommes. Les codes esthétiques lui rappellent sans cesse par le temps passé à s’apprêter, à enlever tout poil qui pourrait la faire assimiler à un homme, l’utilisation des hauts talons, de la jupe, qu’elle est une vraie femme. Donc incapable de se mouvoir en toute liberté comme un homme. Luttes des femmes obligent, l’hétérosexualité s’est libéralisée ces dernières années. Depuis 1970 les femmes hétérosexuelles (et les autres) sont autorisées à porter pantalons et accessoires masculins dès le lycée. Mais seules celles qui respectent les codes érotiques masculins seront déclarées « sexy ». Elles peuvent alors disposer des quelques bribes de confort (appelées galanterie) proposées par les hommes hétérosexuels en compensation de l’infirmité sociale qu’elles mettent volontairement en scène. La femme hétérosexuelle peut aussi, quand l’esthétisme cesse de faire de l’effet à « son » homme se valoriser en devenant une épouse et/ou une mère accomplies. C’est-à-dire une boniche, non payées, à disposition de ses proches et de leur allié-e-s. La femme hétérosexuelle est sensée, si elle est normale, y trouver beaucoup de plaisirs. C’est pour elles que l’hétérosexualité a inventé « l’amour maternel » [Voir le livre d’Elisabeth Badinter, L’amour en plus. Histoire de l’amour maternel (XVIIe – XXe siècle), Flammarion, 1980 ; LGF, réed., Flammarion, 2010).  

Les insoumis-e-s à l’hétérosexualité, ceux et celles qui n’arrivent pas à se soumettre à ses diktats ou qui les refusent, se voient contester de facto leur appartenance au groupe des hommes ou des femmes normaux et ordinaires. Ils et elles sont anormaux. Certain-e-s sont même enfermé-e-s, psychiatrisé-e-s, confronté-e-s aux électrochocs ou aux thérapies chimiques, voir pour les hommes tués par des hommes hétérosexuels qui s’amusent, y compris d’ailleurs parfois en les violant.

Ceux qui se donnent à voir comme des hommes efféminés, non-virils, gringalets seront soupçonnés d’en être, de ne pas en avoir. Bref d’être des « pédés », improductifs , parasites sociaux. On pourra s’amuser d’eux, les maltraiter pour montrer aux hommes normaux et hétérosexuels ce qu’il en coûte de vouloir se distinguer des codes hétéronormatifs. Il en ira de même avec les femmes qui ne conforment pas leur esthétisme aux codes érotiques masculins, celles qui n’acceptent pas d’être appropriées du regard par les vrais hommes, ou de leur servir de supports masturbatoires, de fantasmes pendant qu’ils oeuvrent sexuellement, pour une raison ou une autre, sur leur femme légitime. Les boudins, laiderons, cageots, grosses…, sans même parler des femmes à barbes ou à moustaches, celles qui refusent de se raser les poils aux jambes ou sous les bras, seront mis à l’écart du marché de l’hétérosexualité. Sauf exceptions, elles seront attribuées aux hommes hétérosexuels qui n’ont pas les moyens virils de séduire, ou payer de belles femmes. Ou mises du côté de la maternité rapide pour servir de main d’œuvre reproductive à l’espèce.Les personnes âgées (non reproductives) qui n’ont pas d’argent pour payer des sex-toys humains seront enfermé-e-s, sans droits, dans des mouroirs à vieux avec interdiction de sexualité. Les handicapé-e-s, les malades mentaux, seront traités de la même manière.

Ceux et celles qui s’insoumettent aux codes et injonctions sexuel-le-s définies par l’hétéronormativité seront aussi assimilées à des anormaux, des anormales. On surveillera leurs enfants des risques qu’ils courent en contact avec ces « pervers », On guettera leurs déviations comme on scrute des gens malades. De loin, avec répulsion et peurs de la contamination. Au mieux, ils et elles pourront être utiles dans le commerce du sexe pour amuser les hétérosexuel-le-s. Il en va ainsi des femmes à godes qui aiment prendre un hommes, des hommes soumis, des femme dominantes, des Maîtresses femmes, des partouzeurs et partouzeuses, des libertins et libertines, des triolistes et autres pervers du sexe et de la quéquette ou de la foufoune. Les hommes et femmes qui se pensent normaux et normales pourront parfois s’amuser à les copier. A la seule condition que cela soit exceptionnel, dans des lieux clos, et de bien spécifier qu’il s’agit d’une mascarade (passagère), que l’ordre hétéronormatif n’est pas contesté. Mais au contraire réaffirmé.

Parmi les homosexuel-le-s, les transgenres, seul-e-s, ceux et celles qui s’en excusent sans cesse, affirment une erreur de la nature (et du Bon Dieu) seront toléré-e-s. Encore faut-il qu’ils et elles crient bien fort leur virilité pénétrative pour les hommes, leur féminité et leur soumission pour les femmes. Celles-ci sont d’autant plus appréciées si elles laissent les hommes normaux donc hétérosexuels les mater, rêver qu’elles sont gouines par défaut d’Amant qui sache faire. Homme que beaucoup d’hommes hétérosexuels pensent pouvoir être. Les autres, les hommes efféminés, appelés « folles » et traités parfois comme telles, ceux qui aiment être pénétrés, ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas pénétrer les femmes normales donc hétérosexuelles, trouveront au mieux des occupations dans la prise en charge esthétique de ces femmes hétérosexuelles (manucures, coiffeurs, couturiers…) ou pourront servir d’ouvrage aux hommes hétérosexuels qui veulent s’amuser ou crier leurs manques., Quant aux hommasses, butchs, camionneuses, elles pourront s’excuser, expier, en se mettant au service des gens hétérosexuels normaux : bonnes sœurs, infirmières, gardiennes de refuges pour animaux, Saintes vierges de complément... Les autres seront mis à l’index de l’hétéronormativité…

Enfin, ceux et celles qui s’insoumettent aux codes sociaux hétéronormatifs, les hommes indécis, doux, timides, hésitants en permanence, ceux qui n’aiment pas se battre et refusent une quelconque fatalité pour les guerres, les femmes affirmatives, féministes, celles qui aiment le pouvoir et se battent comme les mecs, celles qui veulent nous faire croire qu’elles en ont, un immense « plafond de verre » limitera leurs prétentions sociales. Il ne faudrait surtout pas qu’elles atteignent les mêmes postes que les hommes hétérosexuels normaux.

Les rebelles à l’hétérosexualité et/ou à l’hétéronormativité, ceux et celles qui non seulement sont insoumis et insoumises à l’hétéronormativité, mais de plus le revendiquent. Les lesbiennes qui osent dire — à raison — qu’elle ne sont pas des femmes, les queers qui mettent en scène leurs différences et osent affirmer la non-primauté du modèle hétérosexuel, les insoumis-e-s du genre qui luttent contre l’hétéronormativité et ses codes de violences, d’appropriation des femmes, de stigmatisation des gais, des lesbiennes, des bi, des trans, les autres (les non-lesbiennes, les non-gais, les non-bi, les non-trans…) qui refusent pour une raison ou une autre, ou sans raison apparente, les codes, prescriptions, injonctions distillées jour après jour, et dans l’ensemble des espaces sociaux par l’hétéronormativité et son système de signes, de punitions, de récompenses, ses dragues merdiques et lourdes, ses obligations du couple hétérosexuel où seul l’homme peut jouir sans entrave, où la femme/mère/épouse est reléguée au travail domestique et à l’élevage des enfants, les intellectuel-le-s qui prétendent déconstruire le dispositif de sexualités et ses petites boîtes catégorielles…  seront regardé-e-s comme des apprentis terroristes. On fera courir toutes les rumeurs possibles sur leur compte pour décourager les hommes et les femmes hétérosexuel-le-s de les entendre, puis de les écouter.

 

 

 

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